Il y a urgence de se reconstruire une vision commune

« De parler avec vous comme ça, librement, ça me permet de remettre en ordre ma vie, je ne mélange pas tout comme je le faisais avant, je vois mieux aussi comment tout ça s’imbrique, comment c’est lié. Ça allège, et puis ça rend physique, vrai, surmontable mon vécu. Ça me redonne confiance. Je suis très content de tout ça, moi ! Vraiment merci.», jeune homme de 24 ans.

Les besoins des jeunes sont criants : besoin de parler, de se dire, de comprendre qui ils sont, de trouver des espaces où déposer les questions existentielles fortes qui leur traversent l’esprit...

Les attentats de janvier 2015 précipitent les choses. Ils nous mettent face au malaise identitaire profond d’un certain nombre de jeunes, à leur rapport conflictuel avec l’Etat. Mais aussi face à l’épuisement des professionnels qui continuent d’aller seuls au front, avec des questions et enjeux pourtant profonds et périlleux.

Fin 2015, des résidences auprès d’une cinquantaine de jeunes nordistes (15-25 ans) confirment ces faits. Ils disent se sentir seuls face à ce qui les travaille, seuls face à un vide, à une absence de réponses. Certains se tournent vers la religion pour canaliser leurs peurs, conjurer leur mal être. D’autres vers le groupe où ils vont malheureusement le plus souvent trouver des réponses simplistes, manichéennes, liées à l’effet de groupe et son poids. D’autres encore se tournent vers des réponses toutes faites qui entrainent au rejet de l’autre, à l’enfermement.